Médiation par les pairs : L’école de Servel tente l’expérience

La médiation par les pairs engagée par l’Aroéven Bretagne au sein de l’école Servel de Lannion

Le Télégramme le 6 décembre 2017


Lili-Rose et Justine jouent les « médiées » face aux médiateurs Héloïse, Nathan, Maëlan et Edvin. Sous les regards attentifs des adultes référents.

Ils n'ont qu'entre 9 et 11 ans et ils ont déjà envie de s'impliquer dans la vie de leur école. Les élèves de CM1 et CM2 de l'école de Servel apprennent la médiation. Régler les petits tracas et conflits de la cour de récré, ils en font leur affaire ! 

Les douze élèves de CM1 et 2 de l'école de Servel sont très attentifs dans la salle de classe. Ils apprennent l'art de la médiation. Aujourd'hui c'est un entraînement. Tour à tour ils se mettent dans la peau de « médiateurs » et de « médiés ». Ici on tente de régler les vols de billes, les « t'es plus ma copine » et autres petits conflits. La médiation par les pairs a déjà été adoptée au collège Charles Le Goffic il y a un an et demi. Séduites par le dispositif, Florence Antognazza directrice du groupe scolaire de Servel et Blandine Menguy, coordinatrice des temps périscolaires ont décidé de le mettre en place à l'école élémentaire de Servel.

Une formation préalable

Le dispositif est composé de douze élèves médiateurs et six adultes référents. Parmi lesquels on trouve des enseignants et des animateurs périscolaires. Ces derniers ont reçu une formation de l'Aroéven (association régionale des oeuvres éducatives et de vacances de l'Éducation nationale). « C'est un projet sur trois ans », explique Peggy Dufour, coordinatrice du secteur de l'éducation de Aroéven. « L'idée c'est de donner les outils pour que l'équipe encadrante puisse diffuser la médiation sur le long terme ». L'objectif est de rendre les enfants plus responsables et autonomes. De promouvoir la parole comme mode de résolution des conflits et d'apaiser le climat scolaire et ainsi d'éviter les cas de harcèlement ou de violence à l'école. La mairie de Lannion cofinance le dispositif avec l'Éducation nationale qui remplace les enseignants le temps de leur formation. « Le projet repose sur la motivation du personnel enseignant et animateurs périscolaires » déclare Patrice Kervaon adjoint en charge de l'éducation à la mairie. « Et renforce le lien entre eux ». Toujours selon Patrice Kervaon, « cela permet de travailler avec l'enfant dans sa globalité, pas seulement sur son temps à l'école ».

« Régler les embrouilles ratatouilles »


Il y avait au départ 38 candidats pour devenir médiateurs. Après avoir répondu à un questionnaire et à un entretien de motivation, douze médiateurs ont été sélectionnés. Maëlan 9 ans par exemple « n'aime pas les conflits » car il « trouve que c'est n'importe quoi » et entend donc les apaiser. Josselin, 10 ans, lui, avait « envie de tenter ». Ces petits médiateurs commenceront leur mission dès janvier. « En attendant ils s'entraînent, se font la main au cours d'ateliers » indique Peggy Dufour. En cas de conflit les enfants pourront alors faire appel à un adulte qui fera le tri entre petits et gros conflits et proposera de passer ou non en médiation. Ainsi deux fois par semaine, les petits médiateurs tiendront une permanence dans la salle des professeurs pour régler les disputes de la cour de récré. Un professeur restera à proximité en cas de besoin. « Ils apprennent surtout à mettre des mots sur leurs émotions. On n'est pas ici pour émettre un jugement », explique Julie Astorgue enseignante en CE1 et référente sur le projet de médiation par les pairs. « Bien souvent, le simple fait d'exprimer ses émotions et comprendre ce que l'autre a ressenti suffit à apaiser les " embrouilles ratatouilles " » comme elle aime les appeler. « Les médiateurs doivent rester neutres et à l'écoute et c'est aux médiés de trouver une solution ».
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